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L’ARTISTE ET INTERNET

Comment exister dans la jungle d’ internet ? Au point de perdre de vue l’essentiel : l’artiste est avant tout un créateur, pas un marketeur. Les raisons sont multiples : démocratisation de la pratique musicale, multiplication et professionnalisation des écoles, explosion des cours particuliers, offre pléthorique de tutoriels, vidéos, partitions en ligne, baisse du prix des instruments… Et le numérique y est évidemment pour quelque chose : démocratisation des moyens de production (avec les home studios), multiplication des canaux de communication, et désormais de nombreuses plateformes de financement participatif. Et comment ne pas se noyer dans l’illusion de la toute puissance de ces outils, et perdre de vue l’essentiel : la création ? « Les problématiques de visibilité sont similaires, mais on a trop tendance à vouloir plaquer les schémas de développement de la tech à tout et n’importe quoi, en oubliant l’essentiel : l’artiste ne décide pas de créer pour combler un vide en terme de produit ou de service, ou pour répondre à un besoin de consommateurs.

C’est, en substance, ce qu’Emily Gonneau a souhaité compiler dans son livre, forte de son expérience d’accompagnement d’artistes et de conseil en stratégie numérique : « dans ce livre, j’ai mis ce sur quoi j’insiste le plus en formation ou en conseil : il est plus intéressant et plus efficace de raconter sa propre histoire plutôt que de se caler sur une moyenne qui ne représente personne ». Le leitmotiv tiendrait presque du slogan marketing : Do it yourself ? Et Emily Gonneau de poursuivre : « l’idée est de donner aux artistes une méthode pour savoir comment procéder, par où commencer… C’est comme une check-list : musiciens, influence, parcours, valeurs… Cela permet de faire un diagnostic, un contrôle technique de son projet. Tout en prenant en compte les évolutions dans les comportements des consommateurs : « il faut créer une fanbase loyale, qui a envie de soutenir l’artiste (…) Ce que veulent les gens aujourd’hui, c’est sentir la proximité avec l’artiste, être dans une relation personnalisée.

Metrics et analytics : l’artiste est-il passé dans l’ère de la quantification ? D’autant plus que la plupart des réseaux sociaux fournissent désormais ces éléments aux utilisateurs : Facebook insights, Google analytics… Au point de vouloir devenir des marketeurs à temps plein ?

Cette désacralisation des outils et la relativisation de l’importance des statistiques, c’est un des objectifs avoué du livre d’Emily Gonneau : « la plupart des artistes regardent les statistiques Facebook comme une sorte de livre sacré et passent leur temps à tenter d’en devenir des spécialistes, au point d’occuper leur esprit dans quelque chose, d’important certes, mais qui n’est pas la raison première de pourquoi ils créent ». Ils ont en général fait un travail de défrichage, ont compris comment les choses fonctionnent globalement, connaissent les plus grosses plateformes… Mais il leur manque des éléments clés de stratégie : quel discours adopter, comment construire un message, comment établir un planning, quelles sont les étapes… », détaille-t-elle. Il existe aujourd’hui de nombreuses applis smartphones et web : Band.fm et ses outils de promotion et de monétisation exportables (sites et réseaux sociaux artistes to fans : e-boutiques, players, téléchargement, etc), Soundbirth et son appli mobile personnalisée pour les artistes (Ulster, Chinese Man, Massilia Sound System, Dagoba, etc.), ou encore Louise, appli d’écoute et de partage de musique en temps réel et géolocalisés, et Fantouch, appli mobile personnalisée pour la promo et la monétisation artist to fans (Youssoupha, Oxmo Puccino), qui fera l’objet du prochain Starting blocks de l’Irma. Sans perdre de vue l’essentiel, comme le rappelle Emily Gonneau : « la spécificité d’un projet artistique, c’est de fonctionner à l’inverse d’un produit ou d’un service : tout démarre et procède de l’artiste.

Plus d'infos, Source : IRMA

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